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Le développement social et émotionnel au coeur de notre philosophie

by | Jan 21, 2021 | social emotional development

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Le bien-être des enfants, une pédagogie dont le maître mot est la bienveillance, l’assurance d’un environnement où l’enfant se sent en sécurité et écouté, la prévenance, tout cela fait partie du cœur de la philosophie de l’EFGB. Aux côtés des enseignantes, Isabelle Ward veille aux petits signes qui font qu’un enfant, plus qu’un autre, aurait besoin d’une écoute plus spécifique, d’une attention plus précise. Voici une plongée au cœur des émotions de l’enfance.

 

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Isabelle Ward – SEL Teacher

Bonjour Isabelle. Pourrais-tu te présenter à nos lecteurs ?

Bien entendu. Je m’appelle Isabelle Ward et j’ai rejoint l’EFGB il y a presque 2 ans. Arrivée à Boston en juillet 2017, j’étais en réflexion sur une éventuelle reconversion professionnelle. J’ai entendu parler de l’EFGB sur un site Internet et j’en ai été immédiatement très curieuse. Une porte ouverte y était annoncée et, j’ai eu envie de m’y rendre. C’était à Watertown. Mon mari m’a même dit: « – Pourquoi veux-tu y aller? On n’a pas d’enfants! » (Rire). Dès mon arrivée, j’ai rencontré Hervé Seux qui m’a offert un café en me faisant la bise. C’était tellement français, tellement accueillant et chaleureux. Sandrine Chavy était là aussi. On s’est mis à discuter et ça a été un coup de cœur pour moi. Immédiatement. À partir de ce moment-là, j’ai décidé d’abandonner ma reconversion et j’ai postulé pour devenir enseignante FLAM. Ce que je suis devenue. Il faut dire que j’enseignais déjà la langue française à des migrants, à des personnes en situations d’illettrisme, lorsque j’habitais en France. Je savais donc faire. Pourtant, côté P’tits Bouts, je me posais des questions. L’école m’intéressait, bien sûr, mais la petite enfance me faisait un peu peur. Est-ce que j’étais vraiment capable d’enseigner à des petits de cet âge? J’avais formé des professeurs des écoles à l’éducation positive, mais je n’avais jusqu’alors jamais pensé avoir moi même une classe. J’ai donc commencé par rejoindre la garderie en février 2018. Peu à peu, j’ai rencontré l’équipe des P’tits Bouts Watertown et Walden, et surtout Sana et Bintou qui m’ont énormément appris ; le rapport aux enfants, comment gérer un groupe de petits, la bienveillance. Tout ce que prône l’EFGB, je l’ai vu prendre chair et s’appliquer de façon concrète avec elles. Du coup, je suis devenue à mon tour assistante. Mais comme par ailleurs, en France, j’avais travaillé sur la mise en place de la bientraitance dans des institutions médico-sociales, dans des hôpitaux, dans des instituts médicoéducatifs pour des publics spécifiques, et dans les écoles, la direction de l’EFGB m’a proposé de devenir « Social Emotional learning Teacher ». Ce que j’ai accepté aussitôt avec une joie immense. L’année précédent mon arrivée aux USA, je me suis investie dans l’élaboration d’un programme national pour l’accueil des enfants en situation de handicap et en situation d’autisme dans les écoles, collèges et lycées de France. J’avais auparavant beaucoup travaillé sur l’inclusion.

Pourrais-tu nous expliquer en quoi consiste ta mission?

En tant que SEL teacher, Je suis là pour les enfants et les enseignantes. Je porte un regard extérieur sur ce qui se joue entre les élèves, entre élèves et enseignantes, mais aussi sur le rapport que peut avoir un enfant à lui-même. En règle générale, les étapes sont toujours les mêmes. Une enseignante, ou une équipe, ou la direction me demande d’observer un élève, ou un groupe d’élève, parce qu’on a remarqué des comportements qui interpellent : ces attitudes peuvent se situer pour l’enfant dans ses interactions avec les camarades, avec les adultes, mais aussi dans sa manière de vivre la classe ou de se vivre lui-même/elle-même à l’intérieur de la classe. Souvent, il ne s’agit que d’un passage, un moment dans l’évolution de l’enfant, rien de significatif. Parfois, cela peut-être le signe d’une demande, d’une réponse à apporter. Alors, démarre la phase d’observation plus poussée mais toujours bienveillante. Cela peut prendre plusieurs jours, plusieurs semaines, plusieurs mois. Ensuite, lorsque l’obstacle au bien-être de l’enfant est cerné, compris, je continue d’intervenir en collaboration avec l’équipe enseignante. Toujours avec douceur et parcimonie. L’idée est de réorienter patiemment l’enfant vers d’autres attitudes en positivant ses compétences. Si le problème persiste ou si nous nous rendons compte qu’il ne découle pas de l’environnement scolaire, alors, à ce moment-là, nous contactons les parents pour travailler avec eux et les associer aux démarches à venir. Nous voyons avec eux si l’école est en capacité de répondre aux besoins de l’enfant ou s’il nous faut une aide plus spécifique et extérieure. En plus de cette tâche passionnante, je partage tout au long de l’année mes compétences en proposant aux enseignants des fiches pratiques que j’écris lors de mes observations en espérant de cette manière offrir des éléments de réponses concrètes à des situations multiples. Enfin, toujours dans l’idée de mieux cerner les enfants, j’assure dès que je le peux des remplacements d’enseignantes et dès que nécessaire, je me rends disponible pour accompagner les enfants lors de leur temps de garderie.

Quels genres de difficultés es-tu amenée à gérer ?

C’est très varié. Ça peut être un enfant qui montre des formes d’hyper activités constantes. Un enfant qui conteste systématiquement les regroupements. Un autre qui ne participe pas aux activités proposées. Un autre qui refuse la sieste. Parfois, les enfants ont peur de ce moment, la sieste. Faute de ne pas pouvoir mettre des mots sur l’angoisse qui les envahit pour exprimer leur malaise, ils se mettent alors à faire du bruit, à se lever sans cesse, non pas pour embêter, mais parce qu’ils veulent que l’on comprenne leur angoisse. Globalement, on peut dire que les « symptômes » : colères, cris, refus, violences, apathie, silences, pleurs sont souvent dus à l’impression de ne pas être compris, entendu, et parfois même vu. C’est toujours une impression fausse puisque tous nos enfants comptent, et pourtant, malgré nos soins, notre vigilance, des enfants ne se sentent pas totalement « pris en compte ». Il faut donc redoubler d’attention. Un enfant malheureux, ce sont des enseignantes malheureuses, faute de ne pas parvenir à rendre heureux un enfant. À l’EFGB, tous les enfants doivent se sentir parfaitement bien. Tous. Sans une seule exception. Et nous y travaillons quotidiennement de toutes nos forces.

Le Covid a-t-il amené d’autres problématiques ? Lesquelles et quelles sont les réponses apportées ?

En fait, les situations de classe se font avec un nombre d’enfants restreints. La Covid n’a rien changé dans la qualité de l’enseignement et de l’accompagnement des enfants, mais nous en parlons tout le temps. L’enseignante et l’assistante ne quittent pas leur groupe classe ; elles sont les uniques interlocutrices des enfants et des parents. Les enfants ont une capacité d’adaptation énorme. Les adultes projettent beaucoup leurs propres inquiétudes sur les enfants qui pourtant s’acclimatent et respectent parfaitement les règles, même les plus petits. Pour la grande majorité d’entre eux. Les enseignantes font aussi un travail formidable. Elles continuent d’enseigner sans rogner sur la qualité du cursus, de la pédagogie, avec, en plus, un énorme travail supplémentaire liés aux protocoles sanitaires. C’est très lourd. Pourtant, elles sauvent l’ambiance de la classe, malgré toutes ces contraintes. Elles enseignent avec brio et enthousiasme. Aujourd’hui, elles savent lire dans les yeux des enfants et sur leur front aussi (rire). C’est fou comme un front peut être expressif! Chacun donne beaucoup de lui, enfant comme adulte de l’école, et les parents nous aident beaucoup à ce que ça fonctionne.

Des conseils de lecture, un site Internet à partager avec des parents qui voudraient intégrer des techniques de bienveillances au quotidien?

Je vous renvoie aux articles écrits dans les newsletters que les parents ont reçu chaque semaine après notre fermeture mi-mars dernier. Mais nos lecteurs peuvent déjà trouver quelques uns de ces liens dans l’encadré principal de cette page. Aurais-tu un mantra à partager, une phrase que tu aimes te répéter et qui t’aide à avancer ? “ You have to just keep going on, and don’t be deterred ”. Quand l’école a fermé ses portes en mars, et que ma vie toute entière a changé, je me suis sentie envahie par une forme de sidération : tout s’arrêtait autour de moi, et je me disais que cela allait durer très longtemps. Par chance, j’ai pu continuer à enseigner pour l’école et le FLAM en remote learning et je dois dire que ça m’a considérablement aidée à tenir le cap. Depuis septembre, j’interviens dans les écoles, je remplace, j’assure des garderies, je me sens tellement utile en aidant à garder une école ouverte dans un monde où peu le sont. « S’arrêter » est pour moi quelque chose de terrible. J’aime être résolument tournée vers la lumière. C’est ce qui me fait particulièrement aimer cette phrase que j’entends souvent depuis que je suis aux USA et qui illustre concrètement la capacité de résilience des américains.

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Propos recueillis par Stéphane Galas.